Depuis quelques années déjà, les recherches sur le cannabis avancent aux États-Unis, en Angleterre et même en Israël. La France entre aujourd’hui dans la course avec un léger train de retard et se donne pour objectif de développer un extrait de cannabis médical exploitable par les entreprises pharmaceutiques et destiné à être utilisé comme médicament pour des patients atteints de pathologies lourdes comme le cancer.
Qui sera chargé de mener les recherches et comment un tel projet a-t-il pu voir le jour en France ?
Toulouse, la future capitale du cannabis médical en France ?
3 ans, c’est le temps alloué au projet de recherche sur le cannabis médical en France.
Ce travail sera mené par une équipe française composée de 4 chimistes et biologistes, à l’Institut National Polytechnique de Toulouse, en collaboration avec l’entreprise La Fleur.
Comme l’explique Franck Milone, fondateur de La Fleur, le projet consiste à trouver le meilleur procédé d’extraction possible (poudres, huiles, …) pour que les principes actifs du cannabis restent intacts et correspondent aux standards pharmaceutiques. L’idée est donc de développer des médicaments à partir de fleurs de cannabis pour guérir des maladies graves comme le cancer.
Plusieurs études ont d’ailleurs démontré le caractère anti-tumoral du cannabis. En tuant les cellules cancéreuses et en les empêchant de se développer, un médicament à base d’extrait de cannabis pourrait aider de nombreux patients à lutter contre des formes relativement graves de cancer.
Ce travail se veut également écologiquement responsable.
Marion Alignan, chargée du projet, tient à souligner la démarche écologique dans laquelle s’inscrit ces trois années de recherches et parle même de « chimie durable ». En effet, le laboratoire a prévu d’apporter un soin tout particulier à l’environnement avec un impact minimum lors des opérations de transformation du cannabis.
Le projet freiné par la réglementation du cannabis en France
La production et l’utilisation du cannabis en France est très réglementée, même lorsqu’il s’agit d’études scientifiques. Aucune différence n’est faite, quelle que soit son utilisation, le cannabis reste illégal.
D’après Franck Milone, ce projet a été freiné pendant près de 2 ans. C’est le temps qu’il a fallu pour convaincre, pour demander des autorisations à l’Agence nationale du médicament mais aussi aux douanes puisque les fleurs de cannabis nécessaires au projet ont dû être importées d’un autre pays de l’Union européenne. Selon lui, « c’est très complexe de mener ce type de recherche », tout a dû être autorisé, déclaré, etc.
Voilà probablement pourquoi la France est à la traine sur le cannabis médical.
Certains pays se sont adaptés et ont rapidement fait évoluer la législation au nom de l’innovation et de la recherche scientifique. Ils ont aujourd’hui une belle avance sur la France. Par exemple, en Israël, un médicament au cannabis contre le cancer de la peau a déjà été développé. Et aux États-Unis, la FDA approuve le cannabis pour le traitement du cancer du cerveau.
Pendant que de nombreux États américains songent à dépénaliser le cannabis, le gouvernement Israélien a prévu 2 millions de dollars d’investissement dans la recherche scientifique sur le cannabis médical, et ce depuis 2017. Une spécialisation aux métiers du cannabis médical a même été intégrée dans un cursus de formation universitaire. Depuis, les USA ont suivi et les universités multiplient les cours et la recherche sur le cannabis.
Nous n’en sommes pas encore là en France, mais ne perdons pas espoir, même avec un peu de retard, l’Europe avance vers la légalisation du cannabis médical.